Dans une école néerlandophone d'Auderghem, la cour de récréation pourrait voir la moitié de sa superficie disparaître. A la place, des logements seraient construits. Les parents estiment que le projet immobilier ne respecte pas le confort des enfants. Ils le font savoir dans une lettre ouverte.
Voici la lettre des parents :
Le 15 janvier, Charles Picqué déclarait dans la presse que le manque d’écoles et la pénurie de places dans l’enseignement constituent une ‘bombe à fragmentation’ pour Bruxelles.
Le même jour, Marie-Christine Schyns, ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, confirmait devant le Parlement francophone qu’à Bruxelles ‘la situation est limpide : nos écoles sont saturées’.
Ce constat n’est pas neuf et il est largement partagé. Il transcende les barrières linguistiques puisque la pénurie d’écoles à Bruxelles affecte aussi bien l’enseignement francophone que le néerlandophone.
On annonce des places supplémentaires, des nouvelles écoles mais rares sont les progrès concrets.
Par ailleurs, à côté de ces belles déclarations d’intentions, d’autres signaux sont négatifs.
C’est ainsi qu’au niveau du PRAS (Plan régional d’affectation des sols), le gouvernement de la Région de Bruxelles-capitale a décidé, en mai 2013, d’assouplir la construction de logements dans les zones dites d’équipements collectifs.
Dans l’ancien PRAS, ces zones étaient sacralisées et réservées aux écoles et autres édifices d’intérêt général. Le logement y était limité puisque il n’était autorisé qu’à titre ‘accessoire’. L’affectation en zones d’équipement d’intérêt collectif préservait certains espaces de la spéculation et de la pression foncière.
Dans sa nouvelle version, le PRAS (dit démographique) a supprimé le terme ‘accessoire’ qui limitait la présence de logements dans les zones d’équipement d’intérêt collectif.
Comme les détracteurs de cette modification l’avaient craint, la nouvelle mouture du PRAS n’a fait qu’aiguiser les appétits des promoteurs immobiliers.
Et les conséquences ne se sont pas fait attendre. A Auderghem, dès l’entrée en vigueur du nouveau PRAS, l’Archevêché de Malines-Bruxelles a déposé une demande de permis d’urbanisme pour construire des logements sur le site d’une l’école néerlandophone, le Lutgardiscollege situé le long du Boulevard du Souverain.
Si ce projet aboutit, ce sont plus de 6.700 m² de logements qui seront construits sur la cour de récréation, qui perdra donc plus de la moitié de sa superficie. Quant aux espaces scolaires et parascolaires construits (classes, salles de gym, etc.), ils seront réduits plus de 1.000 m² !
Accessoirement, la réalisation de ce projet, si elle est autorisée, empêchera toute extension future de l’école. Le Lutgardiscollege ne pourra donc pas participer à l’augmentation de capacité scolaire qui est si nécessaire.
Dans leur immense majorité, les membres de la communauté scolaire et les riverains s’opposent à ce projet qu’ils jugent nuisible pour l’école, pour son développement futur et pour le quartier dans lequel elle s’intègre. L’Archevêché fait la sourde oreille, apparemment plus désireux de renflouer ses caisses que de répondre aux besoins d’enseignement, préoccupation à laquelle l’Eglise était pourtant traditionnellement attachée.
Aujourd’hui, la balle est dans le camp de la Région de Bruxelles-capitale et de la commune d’Auderghem, puisque ces autorités doivent décider de l’octroi ou non de ce permis d’urbanisme.
La décision, qui sera prise à la veille des élections de mai 2014, devrait être une bonne indication de la volonté réelle des pouvoirs politiques. Priorité à l’enseignement ou à la spéculation foncière ?
Comité des parents « Actiegroep Lutgardis »