• Article extrait du journal "La Capitale" : Un citoyen pousse un coup de gueule contre la STIB

     

    Journal "La Capitale" : Un habitant de Woluwe Saint-Lambert pousse un coup de gueule contre la STIB

    A la recherche d'un emploi depuis plusieurs mois, suite à un licenciement collectif dans le cadre d'une restructuration d'entreprise, Claude (prénom d'emprunt), 59 ans, voulait devenir chauffeur de bus à la Stib mais cet ancien chauffeur routier ne pourra pas. Motif : il a raté le test d'intelligence abstrait et spatial, examen obligatoire pour intégrer la société de transport en commun. Il explique : "Suite à la fermeture de mon ancienne entreprise en mars dernier, je me suis retrouvé au chômage. J'ai une expérience de près de 30 ans comme chauffeur de camion et j'ai donc envoyé une lettre de candidature à la Stib pour un poste de chauffeur de bus. J'ai été invité à passer les deux premiers tests de sélection sur un total, si je me souviens bien, de six. Le premier étant un test dit "spatial", où l'on vous présente des dessins à remettre dans l'ordre, le deuxième étant un test de français."

    Problème, il rate le premier. "Je me suis complètement planté", concède-t-il. Pourquoi ? "Je n'avais jamais entendu parler de ces tests particuliers que je n'avais jamais passés et qui m'étaient totalement inconnus. Je me suis retrouvé devant un écran qui me demandait d'interpréter des images dont je ne voyais pas l'intérêt. Je me suis mis à paniquer alors que ces tests réclament un concentration maximale. J'ai raté cet examen alors que j'ai un CV plus que fourni et une expérience très longue de la route. Je me considère comme un chauffeur plus que chevronné mais je suis refusé, écarté parce que je n'ai pas su remettre dans un certain ordre des... dessins. Si j'avais échoué au test de conduite, j'aurais pu comprendre. Si j'avais échoué au test du code de la route, j'aurais pu admettre. Si j'avais un casier judiciaire, j'assumerais le refus. Dans ce cas-ci, on me jette et on efface 30 ans de route pour avoir raté un test spatial. C'est trop fort. Chaque fois que je me suis présenté à un nouvel employeur, celui-ci m'a mis à l'essai pendant quinze jours. Pendant cette période, je devais prouver de quoi j'étais capable. Ne dit-on pas que c'est en forgeant que l'on devient forgeron ?" 

    Assommé au départ par l'annonce des résultats de son échec, il clame son mécontentement. " Ce test spatial ne remet pas en cause mon aptitude à conduire", estime-t-il. "A chaque fois qu'un employeur m'a engagé, il me demandait de savoir conduire, de pouvoir lire une carte routière et d'être ponctuel et aimable avec la clientèle. Ces exigences sont logiques et correspondent à une demande légitime d'un employeur dans le transport."

    Avec la Stib, ce n'est pas le cas, selon lui. "On ne me jette que parce que je n'ai pas une intelligence "spatiale et abstraite" suffisante et cela sans me donner la possibilité de démontrer mes capacités sur des tests plus logiques dans le cadre d'un job de chauffeur. En quoi cela a-t-il quelque chose à voir avec la qualité d'un chauffeur, surtout pour quelqu'un ayant mon expérience ? Je n'hésite pas à parler d'une forme de discrimination. J'ai travaillé pour Unilever, Christian Salvesen, Norbert Dentressangle qui sont des employeurs très exigeants et jamais mon intelligence et encore moins ma conscience professionnelle n'a été mise en défaut."

    Claude, qui habite Woluwe, a désiré rencontrer la rédaction du blog et nous l'avons écouté. Il cite Madame Françoise Ledune, ancienne journaliste de Télé Bruxelles, devenue la porte-parole de la Stib. "Elle dit que... ces tests ont une valeur prédictive par rapport à la réussite de la formation que le candidat suivra, ainsi que sa capacité à comprendre les consignes données."  Etre chauffeur ne se résume pas simplement à relier un point A à un point B, comme un robot. "Il y a toute une série de choses à comprendre : les changements de réseau, les déviations de trajet, le passage à l'éco-drive, etc."  Par ailleurs, continue Claude, décidément très volubile, "Elle dit que le métier de chauffeur de bus ou de tram nécessite une certaine autonomie et, une fois dans son bus, la personne doit pouvoir faire preuve d'un raisonnement logique de base. D'ailleurs, termine-t-elle, la Stib n'est pas la seule à effectuer ce genre de test psychologique à l'embauche." 

    Claude lance cette fois ses banderilles, "Madame Ledune a une image très restrictive du monde des chauffeurs routiers. Elle devrait voyager autre part qu'à la Stib. D'abord, elle fait bien peu de cas de tous les chauffeurs en les comparant à des robots juste capables de relier un point A à un point B. Elle démontre par ce discours sa méconnaissance totale des chauffeurs... hors Stib. De plus, les chauffeurs qui n'auraient pas réussi le test d'intelligence spatial ne seraient pas apte à comprendre, selon elle, les changements de réseau, les déviations de trajet, le passage à l'éco-drive ni ce qu'est la capacité d'une - certaine autonomie - ni ce qu'est la capacité de - faire preuve d'un raisonnement logique de base. Pour faire court, les chauffeurs qui n'ont pas passé ce test, même en ayant 30 ans de route derrière eux, seraient des dangers publics ou, c'est ma pensée profonde, des débiles mentaux. Pour ce qui me concerne, je considère ce test "spatial" comme subjectif et partial puisque les chauffeurs routiers de ma génération (ceux qui ont mis les mains dans le cambouis) vivent tous les jours la situation suggérée par ce test, à savoir : comprendre les consignes données (reçues en début de tournée), prévoir les changements de réseau (en cours de tournée), les déviations de trajet, avoir un raisonnement logique de base... alors qu'ils n'ont jamais passé ce test.

    Claude termine en disant qu'il a beaucoup d'amertume à l'égard de la Stib car il aurait vraiment aimé y travailler. D'où cette fronde passionnelle. Il est content pour les autres candidats qui ont réussi ce test, leur souhaite beaucoup de succès dans ce job et leur tire son chapeau car travailler dans les transports publics à l'heure actuelle n'est pas un sinécure.  Fin de citation

    Dans un courriel qu'a envoyé Madame Ledune à Claude, celle-ci conteste la phrase que lui attribue notre interlocuteur : (Etre chauffeur ne se résume pas simplement à relier un point A à un point B, comme un robot). Selon elle, ces propos doivent être attribués au journaliste qui l'a interviewée. Ce qui, de l'avis de Claude, ne change rien au peu d'objectivité de ce test eu égard au fait que l'autonomie, les changements de réseau, les déviations de trajet... sont le lot quotidien des chauffeurs routiers dont la plupart aurait probablement raté ce test. Dont acte.

     

     


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  • Commentaires

    1
    C'estmoi
    Samedi 14 Juillet 2012 à 20:28

    Et si pour changer on faisait passer le test en question Mme Ledune ? Juste pour voir si elle sera capable de trouver un autre job quand la STIB (Société des Transports  Insuffisament Budgetisée) virera les gens qui ne sont pas assez 'productifs'

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