• Réforme de l'orthographe. Ce qui va changer...

     

     Réforme de l'orthographe. Ce qui va changer...

    Réforme de l'orthographe. Ce qui va vraiment changer dans les manuels scolaires

    Approuvée par l'Académie française... en 1990, la réforme de l'orthographe devrait faire sa rentrée en 2016 dans les manuels. 2400 mots courants vont être changés. Mode d'emploi.

    En 1990, l’Académie française approuvait une réforme de l’orthographe, qui, jusqu’ici, était restée dans les cartons. Pourtant, en 2008, un Bulletin officiel de l’Éducation nationale venait rappeler que « l’orthographe révisée est la référence », rappelle Le Monde. La réforme sera appliquée dans tous les manuels scolaires… en septembre 2016. Ce relifting de la langue française n’est pas du goût de tous, notamment des puristes qui se soucient de cette évolution de la langue, qui tend à faire oublier l’étymologie et l’histoire des mots. Accents circonflexes facultatifs, oignon orthographié sans « i »… 2 400 mots courants devraient être changés, afin de faciliter l’apprentissage des enfants. Traits d’union, accents circonflexes, pluriel des mots composés : ce qui va changer dans les manuels scolaires.

    Ognon, nénufar : 4% du lexique de la langue française revu et corrigé

    Cette révision de l’orthographe devrait réjouir ceux qui sont fâchés avec les accents, les traits d’union et autres spécificités de la langue française. Autant de traces d’un héritage que certains ont peur de voir disparaître. À la rentrée scolaire, plus de 2 000 mots pourront s’orthographier différemment.
    Tout d’abord, certains accents circonflexes vont devenir facultatifs. Le verbe « s’entraîner » pourra, ainsi, s’orthographier avec un simple « i », et donc sans accent circonflexe. De même, pour les mots maîtresse, coûts et disparaître qui s’écriront dorénavant : maitresse, cout et disparaitre. Les jeunes générations n’auront plus besoin des moyens mnémotechniques que l’on enseignait, autrefois, dans les écoles, comme « le chapeau de la cime est tombé dans l’abîme et celui du boiteux est tombé dans la boîte ».

    L’accent circonflexe resterait employé dans d’autres cas : au passé-simple, à l’imparfait du subjonctif, au plus-que-parfait du subjonctif, et lorsqu’il apporte une distinction de sens utile : dû, jeûne, mûr, sûr… Dès lors que l’enlever créerait une confusion de sens entre deux mots (« mûr » et « mur », par exemple), précise Le Monde.

    Autres changements annoncés : les traits d’union devraient eux aussi s’effacer (porte-monnaie devient portemonnaie ou encore mille-pattes, millepattes) et le phonème -ph pourra être remplacé par un f. Par exemple, nénuphar s’écriera nénufar. Quant au « i » de l’oignon, il sera tout simplement occulté : oignon deviendra ognon. Quant aux pluriels des mots composés, ils seront traités comme des substantifs ordinaires et prendront la marque finale du pluriel seulement quand ils seront eux-mêmes au pluriel. On écrira par exemple : un pèse-lettre (sans s), des pèselettres (avec s) ; un après-midi (sans s), des après-midis (avec s). En tout, 2 400 mots sont concernés, soit environ 4% du lexique de la langue française.

    Destinée à faciliter l’apprentissage de la langue, cette mise au goût du jour de la langue avait été approuvée, il y a 26 ans, par l’Académie française, qui, en préambule du texte remis en 1990 rappelait que :

    La langue française, dans ses formes orales et dans sa forme écrite, est et doit rester le bien commun de millions d’êtres humains en France et dans le monde. C’est dans l’intérêt des générations futures de toute la francophonie qu’il est nécessaire de continuer à apporter à l’orthographe des rectifications cohérentes et mesurées qui rendent son usage plus sûr, comme il a toujours été fait depuis le XVIIe siècle et comme il est fait dans la plupart des pays voisins, rappelle en préambule le rapport du conseil supérieur de la langue française.

    Présenté le 19 juin 1990 par Maurice Druon (disparu en avril 2009), Secrétaire perpétuel de l’Académie française, président du groupe de travail à l’époque, ce rapport insistait sur le caractère permanent de la langue et la nécessité de conserver ses qualités :

    Je voulais simplement souligner qu’une permanence apparaît et s’impose dès lors qu’on entreprend d’agir sur les structures du français, et que cette permanence s’exprime par les termes de certitude, clarté, précision, pureté, toutes qualités qui font notre langue suprême dans les domaines de l’éthique, du droit des accords et conventions, et, plus généralement, dans l’art de l’exposé ou de la définition. Perdrait-elle ces caractères qui l’ont faite universelle, notre langue verrait son audience et son emploi se réduire dans le monde. C’est pourquoi, écartant tout projet d’une réforme bouleversante de l’orthographe qui eût altéré le visage familier du français et dérouté tous ses usagers répartis sur la planète, vous nous avez sagement invités à proposer des retouches et aménagements, correspondant à l’évolution de l’usage, et permettant un apprentissage plus aisé et plus sûr, rappelait l’auteur des Rois maudits, en introduction.

    Les manuels d’orthographe et de grammaire porteront, à la rentrée, un macaron avec la mention « Nouvelle orthographe ». Le monde du travail et de l’entreprise suivra-t-il le mouvement impulsé par l’école ou continuera-t-il de considérer comme des fautes ces nouvelles pratiques ? L’occasion d’accentuer les différences générationnelles, entre la vieille et la nouvelle école, entre les adeptes des accents et ceux rompus à la langue relookée 2016.

    Mais aussi :  Nouvelle orthographe: La France s'émeut, les profs de français en Belgique "invités" à lui donner priorité

    http://www.lalibre.be/actu/international/nouvelle-orthographe-la-france-s-emeut-les-profs-de-francais-en-belgique-invites-a-lui-donner-priorite-56b376403570b1fc10ed43b4

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  • Commentaires

    1
    G. Dèdoutes
    Vendredi 5 Février 2016 à 21:56

    Pourquoi l'orthographe française n'a-elle pas évolué comme l'italien, l'espagnol ou le roumain, trois langues latines également dont on peut aisément, à l'aide de quelques règles très simples et qui ne souffrent pas d'exceptions, déterminer l'orthographe des mots à partir de leur prononciation et l'inverse?  Par exemple, orthographe s'écrit ortografia en italien et en espagnol, cette dernière langue poussant même l'amabilité jusqu'à indiquer l'accent tonique par un accent aigu sur le i. D'autres langues ne sont pas allées aussi loin mais ont néanmoins progressivement simplifié leur orthographe comme le néerlandais. Et je ne parle même pas des complications grammaticales de la langue française.

    On a longtemps écrit "doi" en français jusqu'à ce qu'un quelconque 'académicien' ait décidé qu'on écrirait dorénavant "doigt" sous prétexte que cela venait du latin "digitus". Et les exemples du même acabit sont légion!

    Aujourd'hui, on se gargarise d'une réformette qui permet à "nénuphar" de s'écrire à nouveau "nénufar" comme avant 1935. Peut-être imposera-t-on d'ici un lustre d'écrire "nénuphare" par analogie avec les phares ? Mais, à cette date, ce ne seront plus mes 'ognons'...

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    2
    Mel
    Mercredi 10 Février 2016 à 05:54

    Merci pour ce rappel historique. Je ne dirais pas que l'on se gargarise de réformettes  ... Mais il y a de quoi y perdre son latin.

    L'aversion des réformes tient peut-être au fait que l'apprentissage du Français (grammaire et orthographe) n'est pas des plus simples. Et donc, ces réformes au pire, déstabilisent un acquis durement atteint et, au mieux, fragilisent le semblant d'acquis.

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